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 Amazonie - approche ethnomedicale de la phytotherapie

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Naturalya
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Naturalya


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MessageSujet: Amazonie - approche ethnomedicale de la phytotherapie   Amazonie - approche ethnomedicale de la phytotherapie EmptyVen 11 Avr - 21:33

http://arutam.free.fr/Ethnomed.html

Approche ethnomédicale de la phytopthérapie
Jean-Patrick Costa, pharmacien spécialiste des programmes de santé en Haute-Amazonie, il travaille depuis plus de dix ans avec les Indiens Shuar, Achuar et Zaparos d'Equateur. Consultant auprès de diverses organisations indiennes, il a publié "Indiens Jivaros" (Ed. du Rocher, 1997), "L'Homme-Nature" (Ed. Sang de la Terre, 2000) et "Les Chamans" (Ed. Flammarion, collection Dominos, 2001 et Ed. Alphée, 2007).

Héritière de la conception grecque de la santé, la médecine occidentale moderne repose sur une stratégie clairement définie : la vie a pour seul support une construction matérielle sujette à des désordres de type organique ou fonctionnel que l’on peut corriger à l’aide de principes actifs (pharmakos).
Longtemps, la nature fut l’unique pourvoyeuse de médicaments. Or depuis l’avènement de la physique et de la chimie, l’homme invente chaque jour de nouvelles molécules. De sorte que le règne végétal est aujourd’hui réduit à jouer le rôle d’une “ mine d’idées biochimiques ” au service d’une approche pharmacologique de la santé. C’est pourquoi la phytothérapie exclusivement évaluée sous l’angle phytochimique apparaît à bien des égards comme étant l’ancêtre des thérapies modernes. Chaque plante est décortiquée afin d’identifier l’agent thérapeutique, lequel sera ensuite pharmacomodulé pour d’une part potentialiser son action et d’autre part être breveté.
A l’inverse des phytochimistes engagés dans une course contre la montre pour analyser les derniers savoirs ancestraux, l’approche ethnomédicale des phytothérapies traditionnelles permet précisément de rendre toutes ses lettres de noblesse à l’art de guérir par les plantes. Car il ne s’agit plus d’une manière réductionniste d’étudier les particularités de telle ou telle plante, mais bien d’évaluer de la façon la plus globale possible la conception de la santé dans différentes traditions dites primitives. Les plantes y jouent un rôle fondamental et s’insèrent dans une cosmovision qui mérite tout autant d’être étudiée. C’est ce que nous allons tenter de découvrir avec le cas de l’Amazonie et en particulier des Indiens Achuar d’Equateur.

1. La relation de l’homme avec la nature

Toutes les traditions primordiales de la planète, bien que très différentes les unes des autres, s’articulent autour d’un concept commun et incontournable : la connivence des hommes avec la nature. Ce trait culturel que l’on pourrait prendre pour une lapalissade, revêt en réalité une importance cruciale car il conditionne une certaine vision du monde. Ainsi, alors que la culture occidentale tend à définir la nature comme l’ensemble du vivant sur terre en prenant la peine de s’en exclure, les Indiens ont le sentiment de faire partie d’un tout indissociable (le Grand Tout). En un mot, si un Indien Achuar était en mesure de comprendre le sens de notre questionnement, il répondrait volontiers : “ La nature, c’est moi ”. Mélange de narcissisme et d’holisme, cette conception du monde se résume à la proposition suivante : la nature contient l’homme et l’homme renferme l’univers.
Pour mieux comprendre l’influence d’une telle disposition d’esprit, il convient de rappeler que chez ces peuples, le monde est culturellement déterminé par une série de mythes créationnistes. Car à l’inverse de l’Occident moderne, celui-ci ne peut exister en dehors de l’humanité. Et même lorsqu’il est présenté comme préexistant à la naissance du premier homme, on sous-entend que ce dernier y était déjà présent sous une forme différente. “ Etre avec ” est selon les Indiens le principe qui guide toute vie. Dans un monde créé de toutes pièces à l’échelle humaine, la notion de survie (vivre contre) s’estompe alors pour laisser place à l’interaction et l’interpénétration du milieu environnant avec soi-même.
Qui plus est, ce mode de pensée est renforcé par une façon spécifique d’appréhender le temps qui passe. Sociétés dites non-historiques, les peuples de tradition orale considèrent passé et futur comme totalement illusoires. Loin d’être amnésiques, ils sont persuadés que l’essentiel de la vie se joue dans l’instant présent. Ici et maintenant, telle est la véritable dimension dans laquelle il faut se placer pour mieux ressentir l’univers et ses forces en action.
Ce lien fort des Indiens avec le reste du monde s’exprime dans la vie de tous les jours : plantes et animaux sont leurs ancêtres ; pour vivre, il est nécessaire d’échanger de “ l’énergie ” avec eux ; il existe donc un équilibre ancestral à respecter au sein de l’univers.

2. Le concept de la maladie

Ce préambule sur la conception indienne du monde était indispensable dans la mesure où, comme partout ailleurs, médecine et tradition forment un tout cohérent. La maladie n’y est pas envisagée comme le simple dérèglement d’une mécanique vivante, mais comme une perturbation de “ l’être avec ”. On pourrait dire à ce sujet qui si l’acte thérapeutique consiste à maintenir la fragile dynamique d’un être vivant, la médecine occidentale se concentre sur le terme “ vivant ”, alors que la médecine traditionnelle s’est concentrée sur le terme “ être ”...
Fait biologique ou sentiment de l’être, personne ne pourra nier que la maladie est aussi une sensation individuelle en partie culturellement déterminée. Les maladies dites de sociétés sont là pour nous le rappeler. La peur viscérale du vieillissement comme de la mort qui caractérise notre époque en est un autre exemple puisqu’elle n’est pas du tout partagée par les peuples de la nature. Loin de négliger leur existence, ces derniers vivent dans l’imminence de la mort, sans pour autant que cela nuise au plaisir de vivre. Une telle attitude a de tout évidence une influence sur le vécu de la maladie et au delà dans sa survenue et son devenir. Ainsi retrouvera-t-on chez toutes les tribus d’Amazonie la conviction que la guérison ne peut être qu’instantanée.
Les Indiens Achuar identifient deux grands types de maladies. D’une part, les “ désagréments ” (soungour) sont perçus comme des déséquilibres voire des “ erreurs ” causés par la transgression de tabous culturels. D’autre part, les envoûtements (tunchi) correspondent à des affections dues à des flèches (forces énergétiques) ayant traversé l’âme et se fichant dans le corps. A la lumière de cette classification, on peut voir d’emblée que toute maladie est interprétée comme un défaut d’interaction entre l’individu et son environnement. De plus, les mêmes symptômes pourront être considérés indifféremment comme relevant du premier ou du second cas. Ceci montre que le vécu de la maladie prime à la fois chez le patient et pour le thérapeute, façon de nous rappeler un vieux principe que l’on a tendance à oublier : est malade celui qui dit qu’il l’est...

3. L’acte thérapeutique dans le cas des désagréments

Les désagréments sont soignés par un guérisseur (curandero) ou par un membre âgé de la famille à l’aide de préparations de plantes médicinales fraîches en macération ou décoction. Le traitement est en général très complexe : rites bien définis avant et pendant le prélèvement dans le milieu, composition faisant intervenir plusieurs parties de plantes différentes cueillies à un degré de maturation ou à un moment donné de la journée, proportion et posologie précises. Fait intéressant à signaler, la médecine traditionnelle utilise, comme au Moyen Age et en homéopathie, le principe des similitudes. Une hémorragie sera soignée par une préparation d’un rouge vif. Une douleur aiguë et lancinante sera traitée au moyen d’une décoction de plantes épineuses, etc...
L’étude scientifique de ce type de traitement pose quantité de problèmes majeurs. C’est d’abord la forte variabilité des pratiques thérapeutiques qui désoriente l’enquêteur sur le terrain. On peut alors soupçonner qu’un certain nombre de détails ne sont pas aussi déterminants qu’ils sont présentés. C’est ensuite la classification botanique des Indiens qui laisse le botaniste perplexe. En effet, les Achuar ont coutume de nommer une plante en fonction de la relation qu’ils ont avec elle. Littéralement cela donnera “ kupiniamar nupa ”, plante herbacée pour les fractures. Or, il s’avère que la même plante sur le plan botanique est appelée ailleurs “ jawa maikuia ”, plante hallucinogène pour le chien de chasse !
Enfin et surtout, le sens que les guérisseurs donnent à leurs actes thérapeutiques est radicalement différent de l’approche pharmacologique de la médecine moderne. Pour les Indiens, la guérison s’opère grâce à un échange d’énergie entre l’homme et la plante encore vivante peu de temps auparavant. Pour cela, le remède administré n’est jamais préparé à l’avance ou conservé plus d’une demi-journée. Au delà de cette période, il perd toute sa force. Beaucoup d’informateurs m’ont aussi confié que “ l’esprit ” du jardinier (dans le cas d’une plante cultivée) ou du guérisseur rendait la préparation active. L’interprétation de la maladie faite par le patient ou son entourage avant et pendant sa guérison nous conduit à une ultime remarque : l’acte thérapeutique s’accompagne toujours d’une recherche active des causes profondes de l’affection. Il s’agit de découvrir le message caché et récurrent à la maladie. Lorsque cette dernière perdure, on la justifie par un manquement grave de l’individu à l’équilibre communautaire ce qui le conduira soit à envisager l’existence d’un envoûtement ou à se lancer dans une période de purification à l’aide de certaines plantes médicinales.

4. L’acte thérapeutique dans le cas des envoûtements

Les envoûtements sont classiquement du ressort du sorcier, encore appelé chaman. Thérapeute d’un genre particulier, ce dernier est considéré comme un homme capable d’atteindre et de réorienter les forces invisibles de la réalité non-ordinaire laquelle correspond au monde caché au delà de nos cinq sens. Pour cela, il a recours à des plantes hallucinogènes dont l’usage est très répandu en Amazonie. Tous les chamans issus pourtant de tribus différentes rapportent que sous l’effet de la transe hallucinatoire, ils parviennent à voir le patient en transparence. Cette sorte de “ lecture radiographique ” leur permet de localiser des zones opaques précises où sont enfoncées des flèches. Leur travail consiste alors à les aspirer, à les neutraliser dans la bouche puis à les rejeter dans la nature.
Une séance chamanique aussi spectaculaire soit elle, ne doit pas faire oublier ses à côtés. Tout d’abord, le chaman possède une influence psychologique et spirituelle notable sur la communauté à laquelle il appartient. De plus, il semble négliger les symptômes au profit d’une écoute attentive des rêves du patient et de son entourage, lesquels sont considérés comme une porte ouverte chaque nuit sur la réalité non-ordinaire. Enfin, tout acte thérapeutique est en général suivi des mesures d’accompagnement tels que des jeûnes, des conseils de portée socioculturelle, des préparations purgatives ou complémentaires. Autant de détails qui révèlent une approche plus globale qu’il n’y paraît au premier abord.

5. Quelques remarques à la frontière de deux médecines

5.1. L’acculturation et ses conséquences
La dépérissement actuel des traditions réduit l’efficacité des médecines traditionnelles ce qui entraîne une disparition progressive des méthodes ancestrales de guérison au profit de pratiques syncrétiques. Ainsi est-il aujourd’hui fréquent de voir apparaître des préparations médicinales associées à des médicaments ou même à prendre trois fois par jour pendant une semaine ! Ce processus est accéléré par la survenue de nouvelles maladies inconnues auparavant des Indiens (oreillon, rougeole, grippe...) produisant un report de confiance vers la médecine occidentale. De plus, la scolarisation en forêt induit une dévalorisation de la transmission orale à l’origine d’une perte certaine de l’information ancestrale.

5.2. L’énigme de la transmission orale du savoir thérapeutique
Les Indiens ne sont pas réductionnistes, encore moins objectifs et pourtant leur savoir est complexe. Sans calepin, ni notes, ni cours formels, les guérisseurs parviennent à accumuler une expérience thérapeutique considérable. Certes, l’apprentissage auprès d’un ancien permet d’acquérir une “ disposition d’esprit ” puis un savoir-faire, mais il ne semble pas la composante primordiale de l’expérience. Car les enquêtes sur le terrain montrent que tous les guérisseurs ont fréquemment recours à l’intuition. Ils disent notamment se laisser guider dans leurs diagnostics par leurs sensations... sans autre forme d’explications. D’autres rapportent qu’il leur arrive souvent de changer une plante par une autre dans leurs préparations. Beaucoup m’ont confié qu’il fallait ingérer la plante pour connaître son savoir...
Face au mystère de la transmission orale du savoir, certains ethnologues dont Jeremy Narby ont proposé la théorie suivante : l’information est directement accessible dans la réalité non-ordinaire, dimension que l’on peut atteindre sous l’effet de certaines plantes hallucinogènes produisant une modification de la conscience. Sa thèse est d’autant plus intéressante depuis que l’on soupçonne l’ADN d’émettre des séquences vibratoires. Ce qui a fait dire à Jeremy Narby que les visions chamaniques très fréquentes de serpents enroulés avaient peut-être une corrélation avec l’information génétique...

5.3. Le problème de la transposition du savoir traditionnel en Occident
L’enjeu biologique et génétique de l’Amazonie reconnue pour son exceptionnelle biodiversité est une pression de plus que les Indiens ont à subir depuis peu. Face aux milliards de schémas moléculaires contenus dans la plus grande forêt du monde, deux stratégies d’investigation s’opposent, l’une privilégiant le screening phytochimique systématique pour une maladie donnée, l’autre s’orientant vers une analyse chimique du savoir traditionnel. Ces deux démarches inverses conduiront sans nul doute à la découverte de nouveaux médicaments.
Ceci étant, l’approche ethnomédicale de la phytothérapie traditionnelle révèle aussi une autre façon de penser la médecine à l’intérieur d’une trame plus globale faisant notamment intervenir les relations patient-thérapeute et homme-plante. Laissant une large place au vécu de la maladie, cette médecine-là est à l’écoute du patient, tout en favorisant une démarche active pour sa guérison. Proche parfois de la psychothérapie, elle pourrait bien potentialiser l’effet placebo à des niveaux jamais atteints par la médecine moderne. Enfin et surtout, lorsque l’on parvient à la pénétrer en profondeur, elle nous interpelle sur des questionnements fondamentaux : la vie n’est-elle faite que de chimie ?
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